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Extrait des guerres du XXième siècle à travers les témoignages oraux par Michel EL BAZE
Tanguy de Courson Agent de liaison avec le 98th Field Regiment R.A. Surrey and Sussex Yeomanry Queen Mary’s Regiment 1939 - 1945
Ancien Ambassadeur de France, notamment au Zaïre, au Congo et en Norvège, le Comte Tanguy de Courson de la Villeneuve était, à la mobilisation en 1939 attaché au Consulat Général de France à Londres. il est affecté comme officier de liaison et interprète à un régiment de l’artillerie anglais jusqu’au 28 Mai 1940 où il est fait prisonnier au moment où le régiment essayait de regagner l’Angleterre. Ce sont ses diverses expériences comme prisonnier de guerre dans différents Stalag que Tanguy de Courson relate dans son témoignage écrit pendant la guerre destiné aux générations futures.
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Ces notes ont été rédigées dans le seul but de fixer le souvenir d’une période de ma vie qui, pour moi, fut importante. Elles ont été écrites au fil de ma mémoire sans que j’ai tenté de leur donner un plan quelconque.
Je m’excuse auprès de mes lecteurs éventuels de leur sécheresse et de leur style relâché. Je n’ai eu ni la patience, ni le goût d’essayer de faire, de souvenirs dans l’ensemble peu agréables, une oeuvre littéraire. Certains détails, certains faits pourront paraître dépourvus de tout intérêt et indignes d’être rapportés. Si je les ai mentionnés, c’est qu’ils évoquent dans mon esprit des images qui, pour moi, ont du prix.C’est donc sans aucune autre prétention que celle d’une sincérité absolue que ces pages ont été écrites.
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30 octobre 1940
Le mercredi 30 septembre 1940, nous passons Sarrebrück et arrivons à Forbach. Je suis très impressionné de débarquer dans cette ville lorraine. Toutes les inscriptions françaises ont été grattées mais sont encore visibles. On voit encore des traces de combats de 40. Nous traversons toute la ville pour nous rendre au Stalag XIIF, installé, très mal du reste, dans les dépendances d’une caserne. Il n’y a plus de place pour nous. On nous renvoie à la caserne de gardes mobiles, dite "Nord-Kaserne", à l’autre bout de la ville. Nous la retraversons donc. Il fait très chaud et nous avons beaucoup de bagages. Mais nous sommes très ragaillardis par le chaleureux accueil que nous fait la population. Notre caserne est fort belle et nous nous installons confortablement dans des appartements de gardes mobiles. Nous trouvons les sympathiques lits à étages et des paillasses. malheureusement, nous retrouvons aussi nos amies les puces.
Tous les jours, nous nous rendons en colonne au Stalag pour y toucher la soupe. A chaque fois, la population sort dans la rue et nous réserve le même accueil qui m’émeut profondément. La nourriture est infecte. Une horrible soupe au poisson et des pommes de terre à l’eau sans sel, ce qui est un mets bien désagréable. Le plus grave, c’est que nous n’avons presque plus de provisions. Pourtant, nous réussirons jusqu’au bout à nous confectionner tous les soirs un petit dîner. Nos soirées dans notre caserne sont joyeuses. Notre petit groupe de quatre s’entend fort bien.
Nous sommes, d’ailleurs, traités avec beaucoup d’égards. Un jour, c’est un film français qu’on nous emmène voir dans le cinéma de la ville. Un autre jour, on nous distribue des cigarettes et cinq marks de camp, immédiatement convertis en canettes de bière, car il y a de la bière à la cantine. Tout cela serait fort bien si nous étions fixés quant au départ. Enfin, celui-ci est décidé pour le jeudi 8 octobre. Il ne faut pas trop se plaindre, nous ne serons restés que 8 jours au Stalag XIIF.
La veille du départ, le 7 octobre, tous les libérables furent massés en carré dans la cour de notre caserne où avait été préparée une tribune entourée de drapeaux français et surmontée du portrait du maréchal Pétain. Le commandant allemand du camp vint, dans un discours du reste plein de tact, nous adresser ses voeux. L’homme de confiance français en fit autant et un colonel ou commandant français, qui était libéré comme nous, leur répondit à tous les deux. L’orchestre du Stalag, qui avait été convoqué pour la circonstance, nous fit une petite démonstration de ses talents. Puis, après une minute de silence à la mémoire de nos camarades morts en captivité, chacun rentra chez soi, très agité à la pensée du départ imminent.
Le lendemain, le jeudi 8 octobre donc, grand rassemblement au Stalag. Nouvel appel, toujours bien émouvant et que vient troubler un violent orage. Une grosse déception pour les réformés et les marins qui sont avec nous. Ils ne partent pas. Leur mine déçue fait peine à voir. Nous les consolons de notre mieux mais nous ne voudrions pas être à leur place. En fait, les pauvres marins attendront encore de longs mois leur retour.
Enfin, nous nous ébranlons vers la gare, par colonnes de 100. De nouveau, la minute émouvante du passage de la porte du Stalag. A la gare, au lieu des somptueux wagons de 3ème classe espérés par beaucoup, nous retrouvons nos amis les wagons aménagés. Mais ceux-ci sont perfectionnés car ils comportent un poêle avec une petite provision de bois. Tant pis, on s’en contentera pour une nuit.
Au moment du départ, alerte. Un avion anglais nous survole, accueilli par un tir nourri de D.C.A. Je ne suis pas content. Je me vois déjà pulvérisé au moment d’arriver. Heureusement, le calme revient bientôt. Un train civil se range le long du nôtre. A notre vue, toutes les portières s’ouvrent, nous sommes littéralement acclamés. J’en ai les larmes aux yeux. Enfin, notre train s’ébranle. Partout, aux fenêtres, dans les rues, les civils nous font de grands signes. Braves Lorrains!
Nous passons Metz.
Nous roulons encore puis, en pleine nuit, nous nous arrêtons. Une voix française. Nous frappons à la porte.
- "Où sommes-nous?
- Vous êtes en France!"
Extrait Les guerres du XXième siècle à travers les témoignages oraux par Michel EL BAZE : [Lien]
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